[Archives de l'école d'Huppermagie] Examen d'entrée, session de Fraouctor 969 - épreuve de krosmologie

Copie de la candidate Aloma Mambo-Boo

Sujet : Le rapport Wakfu/Stasis, opposition ou complémentarité ?

* La copie est rédigée sur un parchemin ocre. L'écriture ronde, fine et régulière du début devient progressivement plus chaotique et difficilement lisible. *

La krosmologie, en tant que science des causes et des fins du Krosmoz, s'interroge sur la nature du rapport entre les deux principes dynamiques qui organisent celui-ci : le Wakfu (principe d'engendrement) et la Stasis (principe de carnage).
La source de ces deux principes est maintenant bien établie et n'est plus guère remise en doute : ils émanent, depuis les temps originels, de la danse krosmogonique entre la Grande Déesse et le Grand Dragon, eux-mêmes surgis du Rien.
Cependant, la nature même du rapport entre le Wakfu et la Stasis reste davantage sujette à questionnement. A priori tout les oppose mais ne seraient-ils pas après tout complémentaires ? Comme le poète Ydarmon Quenotte l'écrivait à l'âge des Dofus : "L'un descend l'autre monte. À chaque nuit son jour. À chaque mont son val. À chaque jour sa nuit. À chaque arbre son ombre. À chaque bien son mal". Opposition ou complémentarité, la distinction n'est pas toujours si évidente.
C'est pourquoi après avoir analysé la nature de l'opposition entre Wakfu et Stasis et déterminé dans quelle mesure ces principes sont complémentaires, j'essayerai de dégager quelle est la caractéristique essentielle de ce rapport.

L'opposition Wakfu-Stasis tient à la substance même de ces deux énergies. Elle se manifeste dans tous les plans du Krosmoz à différents degrés, en organisant ce dernier de façon binaire.

Une opposition substantielle tout d'abord. Nous savons que du Rien n'a pas jailli une unité, mais bien une dualité, par laquelle les principes de Wakfu et Stasis se sont incarnés simultanément en tant que Grande Déesse pour le premier et Grand Dragon pour la seconde.

Substantiellement, tout oppose ces principes. L'un est énergie créatrice, l'autre est force destructrice, l'un est mouvement, l'autre est inertie, l'un est lumière, l'autre est ténèbres etc. etc.

On peut même aller jusqu'à affirmer qu'ils sont l'opposition même, par principe et par nature ; toute émanation de Wakfu ayant son opposé Stasis et inversement.

Ce rapport d'opposition, présent originellement dès la création du Krosmoz, se retrouve ensuite dans tous les plans du Krosmoz, avec seulement une différence de degré.

C'est sur le plan matériel du Krosmoz que l'opposition Wakfu/Stasis est la plus dense. C'est là où elle est en action. Elle se concrétise par la volonté, les décisions et les actes des créatures des Mondes, de créer ou de détruire, d'ensemencer ou de récolter, de préserver ou de tuer.

Au plan éthéré et au plan astral, l'opposition Wakfu/Stasis est en gestation.

Aux plans d'Inglorium et de la Shukrute, l'opposition Wakfu/Stasis est en puissance. Chacun de ces plans se doit de préserver la pureté de leur énergie (Wakfu pour Inglorium et Stasis pour la Shukrute). D'où l'importance d'un pacte de non agression entre les dieux d'Inglorium et Rushu le maître de la Shukrute.

Enfin, c'est aux plans d'Incarnam et d'Externam que l'opposition s'exclue pour retourner au Rien antékrosmique. Le Wakfu qui pénètre par Incarnam s'écoule et disparaît par Externam. La Stasis qui s'accumule dans Externam réduit en proportion à mesure que du Wakfu entre en Incarnam.

Il en résulte enfin une organisation krosmique binaire, ou chaque élément Wakfu a pour contrepartie un élément opposé Stasis, et vice-versa. C'est leur interaction qui fait que soient le feu et la terre, l'eau et la poussière, que Xelor fasse tourner l'Almanax, que les Mondes se meuvent... qui fait en somme la dynamie du Krosmoz.

Si Wakfu et Stasis sont opposés par nature, seraient-ils néanmoins complémentaires par interaction ?

Deux courants théoriques abordent la complémentarité Wakfu/Stasis. Le premier, majoritaire, qui l'affirme. Le second, minoritaire, qui la nie. La théorie de l'attraction tente quant à elle de percer une autre voie de compréhension.

Le courant complémentariste, dont la figure la plus célèbre est le professeur Grobid-Kwaan Kelnoobi, soutient que le Wakfu ne peut exister sans la Stasis. Dès lors leur opposition de nature demeure secondaire, et c'est leur rapport de complémentarité qui est primordial. L'un ayant besoin de l'autre pour être et devenir.

Certains théoriciens de l'Université Bontarienne Immatérielle vont même jusqu'à soutenir qu'il n'y a tout bonnement pas d'opposition de nature, que la Stasis est du Wakfu... mais à l'état figé.

Cependant, même si une telle approche a été consacrée par la doctrine et reprise telle qu'elle dans l'encyclopédie du Krosmoz, un courant minoritaire mené par le professeur Paal Patyn de l'Académie Matérielle de Brakmar la conteste.

Ainsi, ce courant anti-complémentariste considère que l'unité de nature Wakfu/Stasis n'est pas concevable. Le Krosmoz est vu alors comme un terrain de guerre dont l'enjeu est la suprématie de l'un sur l'autre.

Une troisième doctrine commence à s'établir, renvoyant dos à dos les professeurs bontariens et brakmariens. C'est la théorie de l'attraction qui ne nie pas la dualité Wakfu/Stasis, mais n'accepte pas leur guerre perpétuelle pour autant.

Selon celle-ci, il faut revenir au geste originel de la création du Krosmoz, à savoir la danse entre la Grande Déesse et le Grand Dragon. L'ennui de l'une et le désir de l'autre en sont la cause. Dès lors, ils ont mêlé leurs énergies pour créer le Krosmoz. Wakfu et Stasis s'entremêlent donc dans un rapport attraction/répulsion. Leur énergie reste duale mais complémentaire ou opposée selon les dispositions de chacun des partenaires.

En conclusion, les théories de Grobid-Kwaan Kelnoobi restent à ce jour les plus convaincantes. Cependant le Krosmoz recèle encore bien des mystères.

*Un étrange billet glissé à l'intérieur de la copie en invite le porteur à retirer 100 000 kamas à la banque de Brakmar*

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